Notre Histoire

dimanche 31 octobre 2010

Sommet de Nagoya : peut-on sauver la biodiversité ?

« La nature a désormais un prix » a déclaré l’économiste indien Pavan Sukdev qui présentait son rapport à la conférence mondiale sur la diversité biologique qui se réunit cette semaine à Nagoya au Japon. La disparition d’espèces naturelles, végétales ou animales, a un coût, qui équivaudra à 14 000 milliards d’euros par an en 2050. Cet expert du Programme des Nations Unies pour l’environnement a appelé les États et les entreprises à prendre leurs responsabilités et appelé à un vrai travail de développement du capital naturel et de la sécurité écologique de la planète. Cette conférence doit définir une stratégie pour la biodiversité sur les 10 prochaines années. 2010, année de la biodiversité pour l’assemblée générale de l’ONU mais pourquoi? Parce que le taux d’extinction des espèces naturelles, s’est accéléré, parce que 52% des médicaments sont composés de molécules naturelles (et donc potentiellement menacées), et surtout, parce que l’activité humaine (réchauffement climatique, artificialisation du sol) est à l’origine de cette accélération.

En effet, Sukdev a expliqué aux 193 pays présents que le rôle de la pollinisation des abeilles (évalué à 150 milliards d’euros), le captage des gaz à effet de serre par la forêt, la raréfaction des poissons avait un coût économique. Il a aussi expliqué que la rareté des ressources biologiques toucherait en premier lieu les ménages les plus modestes. En effet, la population rurale longtemps majoritaire à l’échelle mondiale est plus touchée par la pauvreté dans les pays du sud et accentue d’autant sa pression sur les ressources naturelles et sur la diversité biologique. L’agriculture sur brûlis fait disparaître l’habitat de nombreuses espèces, les ¾ des espèces pêchées sont surexploitées, tandis que la chasse aux arbres commerciaux pour le compte du Nord fait rage dans les pays du sud.

Le rapporteur a appelé les états à internaliser le coût de la biodiversité dans les politiques publiques et a alerté l’opinion mondiale sur le rapprochement d’un point de non-retour biologique qu’il fixait à un horizon de 10 ans. Quelles solutions pour cette situation? Évidemment, des règles mondiales contre un capitalisme avide et destructeur: Comment conduire les multinationales à adopter une logique de développement durable et non de recherche du profit à court terme? Comment mieux partager les ressources naturelles pour éviter les conflits entre nations? Comment dépasser un libre-échange destructeur pour les solidarités et l’économie des pays en voie de développement? Évidemment des règles à l’échelle internationale, à travers la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement liée à l’ONU à même de mettre en place des règles et des moyens de sanction, mais aussi un changement radical de nos modes de consommation.

Comment agir concrètement? En favorisant l’agriculture biologique, l’utilisation de la recherche pour développer des modes de production qui favorisent la diversité des espèces, le retour de légumes oubliés (par exemple à travers les menus des cantines scolaires), ou encore privilégier les achats de bois certifiés. Pour autant, au delà d’actes individuels c’est le modèle de développement actuel des pays développés qu’il faut remettre en cause pour sauvegarder la bio-diversité: Nous mangeons trop de viande, trop de poisson, une nourriture trop riche dans les pays développés, il faudrait 9 planètes pour généraliser ce mode de vie. La gestion de la forêt et des ressources halieutiques doivent devenir des enjeux mondiaux qui dépassent les indépendances nationales.

2 commentaires:

Nelly Boutinot a dit…

Ce succès doit en appeler d’autres pour conduire la communauté internationale à comprendre que nous ne pouvons plus continuer à construire de la richesse pour tous en détruisant la nature partout. Au contraire, notre avenir passe par la Biodiversité.

Voir notre dossier Nagoya sur www.biodiversite2012.org

Anonyme a dit…

Merci pour le lien Nelly !