Notre Histoire

lundi 9 février 2009

Un an de plus pour les restos du cœur, zéro avancée pour les démunis.

Par Vincent :

Les Restos du cœur, créés en 1985 par Coluche, est la première association française d’aide alimentaire pour les personnes en difficultés. Elle propose à des personnes démunies et qui n’ont pas les moyens de se nourrir correctement soit de repas, soit d’aliments à bas prix. L’association connaît chaque année une augmentation du nombre de repas distribués. En effet, en 1985 le nombre de repas distribués étaient de 8,5 millions ; en 2007 il y en a eu… 91 millions.

Les restos du cœur font une prévision affolante pour la saison 2008/2009. En effet, plus de 100 millions de repas devraient être distribués pour cette saison. Soit une augmentation d’au moins 10 % par rapport à l’année dernière.



Comment expliquer une telle augmentation du nombre de repas distribués ?

Tout d’abord, la récente crise financière a eu des conséquences plus ou moins directes sur les ménages en touchant leur pouvoir d’achat (peu d’augmentations de salaires, pour certains perte d’emplois, pour d’autres difficultés à recourir aux crédit, augmentation de prix et de certaines taxes). Mais la crise ne doit pas être un prétexte à tous les malheurs que nous traversons en ce moment, il y a d’autres paramètres à prendre en compte et qui sont eux plus anciens.

L’augmentation flagrante du prix de certaines denrées alimentaires de première nécessité : entre 2000 et 2007, + 85% pour la baguette de pain, + 183% pour le lait, + 1200% pour 5 kilos de pommes de terre,… Certains produits de consommation courante autres que les denrées alimentaires ont aussi augmenté de manières fortes sur la période 2000-2007. On peut citer l’essence (+ 396%), le fuel (+ 145%), le gaz (+ 51%). Les dépenses contraintes, c'est-à-dire les dépenses concernant un contrat (loyer, remboursement d’emprunt, factures d’eau et d’électricité,…), étouffent les ménages français les plus modestes. En effet, pour ces ménages modestes, les dépenses contraintes peuvent atteindre plus de 50% de leur revenu (et dans les cas extrême 75% pour les ménages les plus pauvres).

Les dépenses contraintes sont payées en priorité par les ménages car s’il y a impayé les conséquences sont juridiques et financières. Ensuite, si l’on enlève les dépenses contraintes du revenu, la partie restante est ce que l’on appelle le « reste à vivre », alimentation comprise; cependant les prix de l’alimentation et d’autres biens de consommation courante ont subi une hausse spectaculaire. Il en résulte que la part de l’alimentation dans le budget des ménages est comprimée, étouffée et parfois sacrifiée pour palier aux dépenses « les plus urgentes »

Parlons des salaires, ils ont augmenté : en 2001, le salaire moyen toutes catégories socioprofessionnelles confondues était de 20841 euros, en 2006, il était de 23261 euros, soit une hausse de 11,6%.Cependant l’inflation, elle, a été de 11,7% toutes catégories confondues entre 2001 et 2006, avec une part plus élevée d’environ 30% pour les produits alimentaires.

Pour conclure, la crise a eu un impact sur la hausse prévue du nombre de repas distribués par les restos du cœur, mais il ne faut pas oublier que les français les plus démunis sont de plus en plus amenés à dépenser avec en contrepartie aucune hausse de salaire qui leur permettent de maintenir leur pouvoir d’achat. Ce qui explique pourquoi les plus précaires d’entre nous sont obligés de se rendre aux restos du cœur, la plupart n’ayant pas la possibilité de travailler plus pour gagner plus et ne voulant pas également comme perspective d’avenir la contraction d’une myriade de crédit à la consommation menant à l’endettement.

Vivre décemment de son travail n’est pas un luxe mais un droit, il faut pour cela œuvrer pour une réelle politique d’augmentation des salaires. En même temps que les salaires stagnent, les grandes entreprises, elles, réalisent des bénéfices records…
Il faut agir pour les salariés du privé en augmentant le SMIC, dont la progression est infime depuis plusieurs années, cette hausse doit aussi permettre celle des salaires pour les salariés au dessus du SMIC. Il faut également mettre fin aux minima sociaux inférieurs au SMIC. Concernant le public, il faut agir directement pour une augmentation des salaires. Remettre à plat les allégements de charges sur les salaires compris entre 1 et 1,7 SMIC qui incitent les entreprises à ne pas augmenter les salaires est une nécessité. En attendant, espérons que le président du pouvoir d’achat mettra des mesures en place permettant à toutes et à tous de pouvoir au moins se nourrir correctement…

Pour terminer, je tiens personnellement à féliciter et encourager tous les bénévoles qui s’investissent pour les restos du cœur.

1 commentaire:

Florian Lecoultre a dit…

Sarkozy avait promis d'aider les "exclus", bien entendu, il n'en est rien.
Au contraire, il fait tout pour casser toutes ces associations et organismes qui aident les gens concrètement. Je pense a Emmaüs victime d'une descente de flics à Marseille pour choper du sans-papier, je pense au Planning qu'on tue en réduisant drastiquement le budget. La droite cogne encore plus dur, soyons à la hauteur.